Virtual Voices

Voici un extrait du concert Virtual Voices donné le 6 avril  2011 à l'église Saint-Merri.

Concert Virtual Voices

Ici je dirigeais un ensemble de joysticks devenant ainsi une "Meta" chef d'orchestre. Dominique Detallante décrit très bien ce que l'on pouvait ressentir en faisant l'expérience de ce concert : 

Concert à Saint Merri : Virtual Voices

Soudain, dans l’obscurité flamboyante de la nef, d’entre la forêt de colonnes, d’entre les entrailles de pierre, du haut des vitraux et des ogives, sourdent les voix d’aucune bouche, les plaintes d’aucune corde ni archet, le vrombissement d’aucun orgue, le crépitement d’aucun tambour. A peine perceptibles dans un halo de lumière blanche, sept silhouettes, capitaines agités de gestes mystérieux, dirigent, par signes cabalistiques, un orchestre de mousses, arrimés à leurs joysticks scintillants comme des ovni ; ils plongent, se redressent, oscillent au gré du son dont on ignore s’ils sont les jouets ou les auteurs.

Passée le premier moment de surprise, l’oreille accepte  de ne pas savoir d’où la musique vient, l’œil s’accommode de découvrir, au-dessus de lui, sur les coupoles et les arches, des dessins lumineux, colorés, sortes de résilles mouvantes qui font voguer le ciel gothique, des mosaïques de pixels rouge sang, bleu nuit qui pulsent et transforment la pierre en chair.

 La compréhension déclare forfait. Une sensation aussi étrange qu’intime lui fait place : Ce souffle, ces voix qui peinent à trouver leur oxygène, ces ronronnements sourds,  ces papillonnements d’accords, ces aigus qui sifflent, ces graves qui descendent au-delà de l’imaginable du grave et qui, encore, continuent à descendre si bas qu’on est étonnés de pouvoir encore les entendre, et ces brusques silences qui font craindre le pire…Tous ces sons, ce sont les nôtres : ceux de notre intérieur, ceux de nos poumons, ceux de nos pensées cachées derrière nos yeux fermés, ceux de notre coeur qui chatoie dans notre corps. Le chœur, la nef et ses arcades, par le miracle de ces voix virtuelles, sont devenus une immense cage thoracique où pulse et résonne la vie.

Article de Dominique Detallante.